Lectures combinées - Orphée, poésie et la mélancolie des lieux
Je prends cinq minutes en cette soirée pour vous présenter deux livres qui ont en commun de proposer un périple dans deux villes - Bruges et Paris - à travers leurs lieux, leurs sites architecturaux, dans une écriture mêlant poésie et mélancolie. Deux livres qui invitent au lâcher-prise et à l'exploration des figures de style de l'âme. Deux livres sur lesquels je vous invite àvous retourner.

Le premier de ces romans est un classique de la littérature francophone. Ecrit en 1892 par l'écrivan belge Georges Rodenbach, Bruges-la-morte est un sommet de la littérature symboliste. Fuyant une ville anonyme dans laquelle on ne manquera pas de reconnaître Paris, Hugues Viane habite désormais quai du Rosaire, à Bruges, où il mène une vie calme et paisible, maître d'oeuvre patient du pieux souvenir de sa défunte épouse dont il a conservé une tresse blonde dans un coffret de cristal. Au fil des pagesn la cité et ses canaux se confondent avec son chagrin et Bruges devient l'image même de la morte. Un soir, à la sortie de Notre-Dame, Hugues rencontre une jeune actrice dont la ressemblance avec la défunte le remplit de stupéfaction. Mais c'est sans compter avec la jalousie de la ville, qui fera basculer le récit du rêve capiteux à la tragédie de faits divers...

Retour à Paris avec un texte sorti tout récemment : La Dixième Muse d'Alexandra Koszelyk. Au cours d’une errance au Père Lachaise, Florent se retrouve devant la tombe d’Apollinaire, et rapporte en souvenir un morceau de bois qu’il trouve là. Il devient alors obsédé par le poète au point de vivre parfois dans une autre dimension, au contact des personnages qu’a côtoyés Guillaume. Le récit de Koszelyk mêle invention, extraits de poèmes et récits biographiques dans une prose élégante et mélodieuse. On croise au détour des pages Marie Laurencin, Pablo Picasso. On traverse les lieux où le merveilleux Appollinaire, l'un de nos plus grands poètes, a vécu dans une promenade nostalgique qui ne laissera pas indifférent.
Ces deux livres sont des contes initiatiques, des contes dont la littérature est l'héroïne et qui partagent un même sujet, éternel : le mythe d'Orphée et la question de savoir comment faire revivre ce vers quoi l'on se retourne puisque l'on ne peut jamais savoir, non plus, à quoi ressemble le monde quand on a le dos tourné...
Jean-Michel