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Guillermo del Toro à Lagon Noir


Voilà un roman qui célèbre la permanence et la vitalité d'un genre hybride en diable – ce dernier s'y manifeste souvent ! Fusionnant récit policier, veine ésotérique et fiction fantastique, Les Avides emprunte à l'un de ses fondateurs, Algernon Blackwood, créateur en 1908 de John Silence, détective de l'étrange nourri de ses expériences théosophiques. Guillermo del Toro et Chuck Hogan insufflent aussi à leur prose l'énergie du cinéma, déjà éclatante dans leur trilogie vampirique, La Lignée (The Strain, 2009-2011). L'entrée en matière est digne des séquences rageuses de Hidden avec son alien parasite infiltrant le corps d'innocents transformés aussitôt en machines à tuer. Un agent du FBI, nouvelle Clarice Starling, en fait l'amère expérience. Poussée à emprunter les chemins de l'ancien savoir pour trouver les réponses, Odessa est prise dans le sillage d'un certain Hugo Blackwood, qui a trente-cinq ans depuis bien longtemps et certaines sensibilités aux autres mondes.

Se déploie alors un creuset imaginaire qui convoque aussi bien le traumatisme post-11 septembre, des résurrectionnistes, Paracelse, les brèches ouvertes, un rien lovecraftiennes, chères au cinéaste des Hellboy et Pacific Rim, les films de la Hammer (surtout Les Vierges de Satan), des esprits mésopotamiens, les rituels du Palo, l'Amérique ségrégationniste. Les auteurs inventent un personnage appelé à être récurrent à l'instar des docteur Hesselius (Sheridan Le Fanu), Harry Dickson, Jules Grandin (Seabury Queen), Dyson (dans ses Chroniques imaginées par Arthur Machen), Harry d'Amour (Clive Barker), Fox Mulder… Et l'on s'en réjouit, avides d'en lire plus sur ce mage anachronique et moderne de l'« immanence postul[ant] que le surnaturel est présent dans le monde tout autour de nous ».

Guy Astic

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